Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

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"L’ASSAINISSEMENT EN AMONT, LA VOIE DU SALUT CONTRE LES INONDATIONS"

"L’ASSAINISSEMENT EN AMONT, LA VOIE DU SALUT CONTRE LES INONDATIONS"
"L’ASSAINISSEMENT EN AMONT, LA VOIE DU SALUT CONTRE LES INONDATIONS"
13 janvier 2022

Si elle est appliquée, la recommandation des pouvoirs publics aux promoteurs immobiliers consistant à intégrer la dimension « Assainissement » dans leurs projets, pourra valoir beaucoup de satisfactions à nos concitoyennes et concitoyens. En fait, le diagnostic est clair et précis. Les inondations dans la plupart de nos villes et quartiers sont liées à l’occupation des voies d’eau et des bas-fonds ou à l’absence d’un système d’assainissement. Alors que si cette question était prise en charge, l’Etat n’aurait pas à déployer autant de moyens dans la lutte contre les inondations. L’intégration de l’assainissement en amont dans les projets immobiliers est considérée comme une solution de prévention des inondations. La réflexion doit être approfondie afin d’amener les promoteurs immobiliers, les collectivités territoriales, les autorités administratives et les autres services de l’Etat à bâtir un consensus sur ce point. Pour ce faire, il va falloir anticiper et exiger que tous les promoteurs immobiliers intègrent la dimension assainissement avant toute approbation de leurs projets. Mieux, sur le terrain, les services compétents doivent veiller au respect strict de cette recommandation. Ils ne doivent pas hésiter à procéder à l’arrêt temporaire des projets au cas où les promoteurs ne respectent pas ce souhait des pouvoirs publics. Pour cela, le suivi est nécessaire. Et la mise en œuvre de cette directive requiert l’engagement de tous.

L’Etat a pris des mesures d’envergure pour faire face aux inondations. Le privé doit y contribuer notamment les promoteurs immobiliers pour amoindrir les risques.

À l’instar d’autres pays à travers le monde, le Sénégal s’est engagé depuis 2015 dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD), dans le secteur de l’eau et de l’assainissement à l’horizon 2030. Pour le sous-secteur de l’assainissement, l’atteinte de cet objectif global se traduit spécifiquement par le développement de l’accès à des services durables d’assainissement par l’approche chaîne de valeurs et une implication forte du secteur privé. C’est pourquoi, dans le but de garantir aux populations un cadre de vie sain, il est impératif, d’engager le développement du sous-secteur, de façon durable, avec des systèmes d’assainissement liquide adéquat dans tous les programmes d’habitat. En effet, en vue d’assurer la conformité des projets de construction de tous usages au plan directeur d’assainissement (PDA), le Code de l’assainissement dispose que « le délégataire en assainissement donne un avis technique sur les demandes d’autorisation de construire (décret d’appl. Code Ass. Article R4).

De même, il prévoit que « Tout projet routier ou de construction d’immeuble en zone urbaine (tienne) compte du plan directeur d’assainissement et (fasse) l’objet d’approbation du ministère chargé de l’assainissement ou son délégataire. Et, au cas où il y a absence de système d’assainissement, le projet sera réalisé avec son propre système avec des mesures conservatoires en cohérence avec le plan directeur d’assainissement (décret d’appl. Code Ass. Article R7).

Or, ce que nous constatons plus généralement, c’est que non seulement, nous recevons beaucoup de plaintes mais, surtout en période d’hivernage, mon département est régulièrement interpellé pour des interventions réalisés dans des sites de logement collectif sans un minimum de système de collecte et/ou de drainage des eaux pluviales. Ou bien, s’il en existe, c’est mal fait. Alors que très souvent au moment de la vente, la prise en charge du volet assainissement est incluse dans les avantages concurrentiels offerts. Ce qui, d’ailleurs, constitue de la fausse publicité que l’on doit à tout point de vue éviter.
En tout état de cause, la promotion d’une occupation rationnelle de l’espace urbain est à encourager ainsi que l’application stricte de règles et normes en matière de construction d’habitat et d’urbanisme en général, en vue d’assurer la sécurité des populations. Cela passe nécessairement par le respect des règles d’aménagement, et d’occupation des sols afin de prévenir des situations d’inondations. Par conséquent, les services de l’Etat prendront assurément toutes les mesures pour restaurer les voies naturelles d’écoulement des eaux pluviales. Car, « lorsque le passage des eaux est obstrué, il faut détruire les obstacles qui empêchent leur écoulement. Il faut que la libération des exécutoires soit assurée. Là-dessus, il ne peut avoir d’hésitation », a rappelé le Chef d’Etat.

Les efforts consentis par l’État du Sénégal dans ce domaine et la gestion des inondations sont immenses. Car le Chef de l’Etat, son Excellence Macky SALL a fait de l’assainissement, un axe prioritaire pour l’amélioration du cadre de vie des populations.

A travers ce rappel aux promoteurs immobiliers, il est non seulement question d’indiquer la réglementation en la matière et surtout de les sensibiliser à la bonne prise en charge de cette problématique au moment de concevoir les programmes pour respecter les normes d’habitation et permettre à leur clientèle de jouir d’un espace de vie agréable. « En effet, l’on doit dépasser l’époque où la prise en charge de l’assainissement était seulement un argument commercial », indique le Ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Monsieur Serigne Mbaye THIAM, lors de l’atelier de partage et d’échanges sur la nécessité de prendre en charge les systèmes d’assainissement dans les programmes et projets immobiliers, tenu le 7 décembre 2021, à Dakar. La non prise en charge des questions d’assainissement, en amont est à l’origine en aval, en grande partie, des problèmes d’inondations, dans beaucoup de nos quartiers, cités et villes.

S’attaquer aux racines du mal 

Quoi qu’il en soit, les inondations à Dakar, en particulier, dans les zones assainies, en général, sont en grande partie liées à l’obstruction des réseaux de drainage des eaux pluviales. Si c’est une lapalissade de le dire, c’est aussi une réelle problématique pour le fonctionnement correct du réseau d’assainissement. Dans les collecteurs d’eaux pluviales et d’eaux usées, on retrouve toutes sortes d’ordures : des pneus, des sachets en plastique, des bouteilles, des cadavres d’animaux, des restes des chaises anglaises, des matelas usagers, des filets de pêche, etc. Un ensemble de déchets solides encombrants qui finissent par former des bouchons réguliers à l’intérieur des réseaux d’assainissement. Conséquence : les réseaux ne fonctionnent plus correctement, les eaux usées débordent des regards de partout, le cadre de vie en subit les impacts négatifs qui rejaillissent sur le décor, les habitations, la sécurité et la santé publique, entre autres. Et, pour la correction, ces dysfonctionnements nécessitent des interventions coûteuses pour l’ONAS. 
A côté des obstructions des collecteurs d’évacuation des eaux pluviales, il y a également l’occupation anarchique des zones non aedificandi, l’habitat spontané et irrégulier, la construction sur les zones d’emprise... Le paradoxe est que l’essentiel des occupants détient souvent des titres en bonne et due forme qui leur donnent le droit d’y habiter ou de faire des extensions. Ce faisant, les propriétaires des titres s’installent sans tenir compte des normes d’urbanisation et environnementales provoquant ainsi des engorgements à l’origine souvent de débordements d’eau, donc à des inondations.

Les pluies enregistrées à Touba, à Dakar, au mois d’août qui ont plongé des habitants de la banlieue dans le désarroi en sont une belle illustration. Alors que l’Etat du Sénégal a consenti beaucoup d’efforts depuis 2012, dans le cadre du Programme décennal de lutte contre les inondations (PDLI) avec « une meilleure résilience des sinistrés dans beaucoup de communes et de quartiers où des ouvrages ont été installés ». Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL, au cours de la réunion sur les inondations tenue le 24 août 2021, a déploré la construction des maisons dans des zones inondables, le défaut d’aménagement et l’obstruction des voies naturelles d’écoulement des eaux pluviales. A juste raison. Ces actes condamnables et forts regrettables sont à l’origine de beaucoup de cas d’inondations à travers le pays. Faisons l’effort d’adopter nos comportements aux infrastructures et ouvrages d’assainissement. Aussi, même si tous les problèmes d’assainissement ne sont pas forcément liés à des infrastructures, devons-nous pour le bien de tous opter pour des comportements citoyens. C’est pourquoi, il est temps d’interroger notre responsabilité citoyenne, seul gage de réussite pour les nombreux projets d’assainissement entamés par les pouvoirs publics au grand bénéfice des populations. L’assainissement étant une question transversale qui touche tous les secteurs, nous ne pouvons pas, en effet, aspirer à une croissance soutenue et continue sans un bon assainissement.

 

 

Dr Ababakar MBAYE
Directeur général de l’ONAS

Source: 
LE SOLEIL