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[CAVIE-ACCI] Face à la férocité de la concurrence internationale et aux tentatives toujours plus rusées des compétiteurs de faire main basse sur le marché africain, le succès de l’intelligence économique africaine réside sans doute dans la communauté de destin, le culte du travail, la conscience collective.
Interview exclusive de Lansana Gagny-Sakho, Représentant résident du Centre Africain de Veille et d’Intelligence au Economique ai Sénégal (CAVIE SN).
CAVIE-ACCI : Sous quel signe placez-vous votre mandat à la tête de CAVIE SN ?
LGS : Je commencerai par exprimer toute ma gratitude pour avoir été choisi comme représentant du CAVIE au Sénégal. Je placerai mon mandat sous le signe de l’engagement et du partage pour apporter ma modeste contribution dans la marche du Sénégal vers l’émergence.
Du haut de votre expérience, et au vu de l’expertise du CAVIE, pensez-vous que les Africains ont encore besoin que les étrangers viennent les organiser et leur expliquer comment se battre dans la compétition économique ?
La notion d’étrangers n’existe pas dans un contexte global de la mondialisation. Nous sommes dans une jungle de la loi du plus fort prévaut. Nous n’avons d’autre choix que de nous adapter au contexte de la compétitivité.
Le continent africain semble être englué dans une malédiction…. Le fossé qui nous sépare des autres n’est pas seulement matériel… Nous avons loupé le coche de notre intégration dans la mondialisation… Nous passons plus de temps à discuter du sexe des anges, à chercher des boucs émissaires à nos échecs
Redonner la confiance aux jeunes Africains, leur apprendre à affronter l’avenir dans la globalisation et sans complexe, leur inculquer le culte du travail, renforcer le système éducatif sont des passages obligés. L’attachement au travail est la clé de tout développement économique et/ou émergence.
Le savoir-faire, l’expertise, la richesse et le bien-être s’acquièrent au gré du travail. Pour mettre l’Afrique sur les rails, nous devons inlassablement emprunter le chemin du travail sans lequel nous disparaîtrons dans le flot des océans et le reste de l’humanité ne s’en rendra peut-être même pas compte.
Malgré les ravages de la guerre économique, on a l’impression que l’Afrique est le seul continent où les décideurs croient au père Noël… Que faut-il faire pour les décomplexer et les vacciner ?
J’éclaircis une fois encore ma pensée : il n’y a pas de ravages de la guerre économique. La compétition internationale est la norme et les plus faibles sont appelés à disparaître. Le seul vaccin qui vaille c’est se mettre au travail. On accuse souvent à tort les décideurs. En réalité, nous avons un problème de société ; il faut l’accepter et en affronter sans complexe les tares.
Que faire pour nous ‘décomplexer’ ? Emprunter la voie tracée par certains pays asiatiques qui, il y a 50 ans, avaient le même niveau de développement que la plupart des pays africains. Ces pays ont connu des croissances rapides en reproduisant, dans un laps de temps beaucoup plus court, l’expérience des pays avancés. Ils ont transformé leurs agriculteurs en ouvriers de fabrication, ont diversifié leurs économies et exporté une gamme de produits de plus en plus sophistiqués. Communauté de destin, culte du travail et conscience collective : ces fondamentaux constituent le seul vaccin pour ‘décomplexer’ les Africains.