Des milliers de Sénégalais supplémentaires auront accès aux services de l’assainissement. Pour preuve, la liste des villes assainies va s’élargir avec le taux d’exécution des travaux qui tourne déjà autour de 90 %. L’annonce a été faite par le Directeur Général de l’Onas, Dr Ababakar MBAYE qui a également annoncé la réception prochaine, d’autres infrastructures, à Pikine, Tambacounda, Matam.
Monsieur le Directeur Général, les travaux du Projet de dépollution de la baie de Hann ont été lancés en septembre 2020. Quels sont les enjeux de ce projet pour le Sénégal ?
Le projet de la dépollution de la baie de Hann est d’une grande importance pour la plus haute autorité, son Excellence le Président de la République, Macky SALL et pour le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement. L’objectif est de dépolluer cette baie qui est agressée par les rejets d’eaux usées provenant des ménages et des établissements industriels. Les travaux ont démarré en septembre 2020. Les travaux sont en cours pour ce qui concerne le lot 1 qui est celui de l’intercepteur. Celui-ci doit prendre en compte les stations de pompage. Par rapport à ce premier lot en cours d’exécution, il y a des lenteurs. Malheureuse- ment, on est tombé sur une entreprise défaillante. Nous sommes en train de voir, par la voie administrative, comment trouver une solution. Nous avons plusieurs options, soit céder cette partie à d’autres entreprises. En tout, nous cherchons des solutions afin de réduire au maximum le retard accusé.
En plus de l’intercepteur, le lot de la construction de la station d’épuration a été attribué. Nous attendons l’avis du bailleur pour l’attribution définitive. Il y a le lot de l’émissaire, long de trois kilomètres, qui va rejeter les eaux en haute mer.
Pour ce lot, nous attendons l’avis de non objection des partenaires techniques et financiers. Il y a aussi un lot spécifique pour la mise en place des réseaux secondaires pour la collecte des eaux usées des ménages. Il en est de même pour le réseau pour la collecte des eaux industrielles. A côté de cela, nous avons l’assainissement du Port autonome de Dakar (Pad). Cette partie prend en charge la gestion des eaux usées et des eaux pluviales. Nous allons lancer les appels d’offres si nous obtenons les avis de non objections des bailleurs.
Nous avons, par ailleurs, la feuille de route pour appliquer le principe pollueur- payeur. Cette feuille de route est coordonnée par la Direction de l’Assainissement au niveau du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement.
Quel bilan tirez-vous des projets exécutés par l’ONAS ou en cours de réalisation en 2021 ?
C’est un bilan positif d’une manière générale. On a eu à dérouler plusieurs projets. On peut citer, le projet d’assainissement des 10 villes. Le taux global d’exécution tournerait autour de 90 %. A Louga, nous avons réceptionné les ouvrages. Dans les villes de Pikine, Tambacounda et Matam, nous allons prochainement procéder à l’inauguration des infrastructures.
Par contre, il reste les travaux à Tivaouane où le marché de base est terminé. Pour cette ville, il nous faut un avenant pour réaliser des ouvrages au niveau de l’esplanade de la mosquée. Alors que pour les localités de Cambérène, Touba et Kaolack, les travaux ont repris.
Les entreprises sont dans une bonne dynamique pour finaliser le projet des 10 villes. La seule contrainte, c’était la difficulté de mobilisation des fonds. Mais les autorités ont pris toutes les dis- positions pour que ce projet puisse être finalisé au courant de l’année 2022.
Nous avons aussi un autre projet très important. Il s’agit de la dépollution du Nord-Ville de Dakar qui concerne l’extension de la station de d’épuration de Cambérène. La capacité de cette station va passer de 19. 000 m3/jour à 90. 000 m3/jour. Une fois terminée, cette station sera un réceptacle des eaux usées traitées. Nous sommes à un taux d’exécution de 85 %. Le projet sera bouclé en 2022. Après la réception des ouvrages, nous pourrons raccorder d’autres quartiers aux réseaux et réduire les reflux des eaux usées à Dakar. De plus, nous avons un pro- jet de réhabilitation des eaux usées de Saint-Louis dit projet de l’île de Saint-Louis. Dans la partie nord de l’île, les travaux sont achevés. Dans la partie sud de l’île, l’état d’exécution est appréciable.
Quels sont vos chantiers prioritaires en 2022 ?
Nous avions des mesures hardies pour lutter contre les inondations à Dakar et à Touba. Bien avant le début de la saison des pluies, nous avons curé les canaux et les bassins à Dakar, dans sa banlieue et dans les villes de l’intérieur. Ces actions seront reconduites en 2022. Dès le mois d’avril, nous allons commencer le curage. Dans le cadre du Programme décennal de lutte contre les inondations, l’accent sera mis sur les points noirs. A cet effet, il est prévu la réhabilitation des stations, la densification du réseau à l’hôpital Dominique, à Cambérène alors qu’aux unités 7 et 15 des Parcelles assainies, nous allons construire des stations de pompage d’eaux pluviales qui viendront en appoint aux stations de pompage d’eaux usées.
À Louga, au quartier Ndimb, nous mettrons en place une station de pompage pour lutter contre les inondations. Dans la ville de Thiès, nous allons construire une station de pompage, au quartier Sam Pathé où convergent les eaux de la ville. Déjà, à Touba, nous allons réhabiliter la station de pompage de Keur- Niang. A noter que la capacité de la station de Darou Rahmane a été augmentée dans le cadre du Plan Orsec. L’État a un im- portant projet pour cette ville sainte. Nous allons y construire d’autres stations de pompage et densifier le réseau. En somme, nous sommes en train de travailler pour soulager les populations.
Vous avez initié une rencontre avec les acteurs immobiliers pour l’intégration des questions d’assainissement dans les projets de construction. Quel est l’intérêt de cette action ?
Nous sommes partis du constat que nous avons noté des inondations dans des zones où les bas-fonds sont habilités et où les voies naturelles d’écoulement d’eau ont été obstruées par les constructions. C’est l’assainissement qui supporte les conséquences de cette défaillance. En somme, nous payons les pots que nous n’avons pas cassés. Il y a une urbanisation incontrôlée qui explique les inondations dans plusieurs zones de Dakar et à Touba. C’est sur cette base, que nous avons jugé utile d’organiser une rencontre avec les promoteurs immobiliers en vue de trouver des réponses idoines. Une des solutions de prévention des inondations, c’est la prise en compte de l’assainissement dans les projets immobiliers. Sur ce point, il faut préciser que l’assainissement, ce n’est pas uniquement le tout à l’égout. Ce n’est pas l’assainissement collectif uniquement. On peut avoir d’autres systèmes d’assainissement tels que l’assainissement autonome, le semi-collectif. En milieu urbain, je ne peux concevoir qu’on investisse des milliards pour construire des immeubles ; or tout autour il n’y a pas un système d’assainissement. La conséquence, nous voyons de belles vil- las pigées dans des eaux. Donc, nous gagnerons à intégrer l’assainissement dans des systèmes d’assainissement des eaux usées et pluviales. Cela aiderait à régler beaucoup de choses. Il faut respecter aussi les plans d’aménagement parce qu’il y a des zones habitables et des zones non habitables. Il faut parallèlement que l’urbanisation soit contrôlée. En outre, les collectivités territoriales doivent travailler dans ce sens de même que tous les services concernés par l’urbanisation. L’Onas, en tant que délégataire du service de l’assainissement doit donner son avis, sur tout projet immobilier de même que sur les lotissements. Les projets routiers doivent également prendre en compte le drainage des eaux pluviales.