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Promu Directeur Général de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) à la suite de ses performances à l’OFOR, Lansana Gagny Sakho a déjà pris le taureau par les cornes. Il compte rendre effective sa signature qui est «l’Assainissement pour un meilleur cadre de vie». Ainsi, il annonce que «2018 sera une année de réalisations afin d’améliorer, significativement, les conditions de vie des populations». Entretien.
1er AXE Bâtir une vision partagée liée à nos missions en cohérence avec des stratégies bien définies et adossées à des tactiques ;
Après votre prise de fonction à l’ONAS, vous avez exposé les contours de la feuille de route que vous comptiez mettre en branle pour concrétiser votre vision dans le secteur de l’Assainissement.
Quelle est cette vision ?
«L’Assainissement pour un meilleur cadre de vie» : c’est notre signature que, quotidiennement, nous souhaitons traduire et réaliser avec les Pouvoirs publics, les Partenaires techniques et financiers, l’ensemble des parties prenantes pour le bénéfice de nos concitoyens. La concrétisation de cette vision passe par «l’excellence de nos produits et services», par une adaptation permanente de notre organisation, par le choix des meilleures technologies et systèmes d’information, par la valorisation des femmes et des hommes qui, tous les jours, essaient de donner corps à notre organisation.
Cette feuille de route comporte, selon vous, trois axes majeurs. Pouvez-vous revenir pour REUSSIR, sur ces piliers de votre gestion à l’ONAS?
Il faut commencer par contextualiser l’Assainissement au Sénégal. C’est d’abord une croissance exponentielle des investissements dans l’Assainissement par les Pouvoirs publics. Depuis 2012, prise comme année de référence, les montants ont été multipliés par 10. Ensuite, chercher à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) «contraignants » qui stipulent : «Assurer, d’ici à 2030, l’accès de tous dans des conditions équitables des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et mettre fin à la défécation en plein air, en accordant une attention particulière aux besoins de femmes, des filles et des personnes en situation vulnérable». Enfin, des difficultés persistent à Rufisque, Touba, Kaolack et dans beaucoup d’autres localités à cause d’une croissance exponentielle de l’urbanisation, la multiplicité des acteurs intervenant dans le secteur de l’assainissement, etc.
Ainsi, toutes les études effectuées ces dernières années ont pointé l’énorme décalage entre l’organisation de l’ONAS et les missions assignées. C’est comme qui dirait ‘pédaler dans le vent’. Sous cet angle, l’unique et la seule alternative, c’est de nous inscrire dans une perspective de positionner durablement l’ONAS dans une stratégie de «performance opérationnelle». A cet effet, nos actions majeures seront axées dans une démarche inclusive de «transformation de notre organisation ». Trois axes majeurs en seront l’épine dorsale :
1. Bâtir une vision partagée liée à nos missions en cohérence avec des stratégies bien définies et adossées à des tactiques ;
2. Transférer l’exploitation au Secteur privé et nous concentrer sur notre cœur de métier : la gestion du patrimoine ;
3. Mettre un accent particulier sur les aspects d’études et de planification qui devront servir de boussole à l’ensemble de nos activités.
Qu’est-ce qui expliquerait l’implication du Secteur privé dans la gestion des ouvrages d’assainissement ?
On ne peut pas passer son temps à se fracasser le crane contre le mur, en permanence et se plaindre de maux de tête. L’exploitation n’est pas et ne sera jamais notre métier. On a raté le coche lors de la première réforme du secteur de l’Hydraulique. On aurait dû y inclure l’Assainissement pour avoir un package global mais on a fait ‘plus facile’.
Aujourd’hui, je suis ‘traumatisé’ à l’idée d’avoir à incorporer de nouveaux ouvrages dans le patrimoine de l’ONAS simplement parce que je n’ai pas les moyens financiers et humains d’en assurer l’exploitation optimale…
Une chose est de construire des ouvrages, une autre est d’en assurer leur durabilité. C’est tout le sens de l’implication du Secteur privé pour la gestion des ouvrages dans le cadre de contrats de Partenariat Public-Privé. Il y a, bien évidemment, la problématique du financement de ces contrats. Nous réfléchissons actuellement sur certaines pistes. Il reste constant que le modèle actuel est économiquement ‘suicidaire’. Vous savez, les succès du passé ne garantissent absolument rien…
Kaolack, Rufisque et la Médina dakaroise, soit trois localités qui attirent l’attention du fait de la complexité de leur assainissement. Quelle stratégie spécifique à chacune d’elles faut-il mettre pour définitivement éradiquer ce problème ?
2ème AXE Transférer l’exploitation au Secteur privé et nous concentrer sur notre cœur de métier : la gestion du patrimoine ;
Dans chacune des localités que vous venez de citer, nous y avons des projets de grande envergure, tout comme dans d’autres villes du Sénégal. Je ne crois pas que leur assainissement soit complexe. Cependant, on l’oublie, la première clé de succès est votre comportement, le mien, celui du Sénégalais lambda...
Quand les regards des égouts sont volés pour être vendus comme de la ferraille, quand les canaux d’eaux pluviales sont transformés en dépotoirs d’ordures, quand les branchements clandestins tendent à devenir une règle, on n’arrivera pas à grand-chose. «Il ne peut y avoir d’assainissement efficace sans un assainissement de nos pratiques». Je terminerai ce point en soulignant que l’assainissement collectif n’est pas une fin en soi. Il existe des systèmes d’assainissement automne très performants. Tout reste lié à une question qualité de service et de rentabilité économique.
3ème AXE Mettre un accent particulier sur les aspects d’études et de planification qui devront servir de boussole à l’ensemble de nos activités.
Quels sont vos projets pour l’année 2018 ?
Des projets majeurs sont en cours d’exécution à Rufisque, Cambéréne, Touba, Tivaouane, Kaolack, Matam, Saint-Louis, Pikine, Louga, Sédhiou, Ziguinchor, Tambacounda,… Il y a surtout le projet dit «emblématique» de la dépollution de la Baie de Hann. Vous me direz qu’on en parle depuis plus de dix ans mais je puis vous assurer que le nécessaire sera fait pour l’effectivité de son démarrage dans le courant de l’année 2018.