
Seuls 200 litres sont distillés par l’Omniprocessor du Technopôle. Une quantité loin d’assurer correctement la consommation journalière d’un petit ménage. Une réponse sèche à l’information selon laquelle l’eau distillée par l’Omniprocessor est destinée à la commercialisation sous forme de boisson. A l’issue de la visite, organisée hier, sur le site, le Directeur général de l’Onas, Lansana Gagny Sakho, a indiqué que le Sénégal n’a pas pris l’option commercialiser cette eau.
Pour tuer dans l’œuf la rumeur selon laquelle l’eau issue de l’Omni processor de Technopôle serait commercialisée sous forme de boisson, le Directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), Lansana Gagny Sakho, accompagné de ses services, a organisé, hier, une visite de terrain à l’unité industrielle. Sur place, le constat est sans appel. Deux réseaux d’assainissement (classique et autonome) alimentent cette unité industrielle d’une capacité de 935 m3/j, soit 12.000 habitants. Le système classique relève du réseau de l’Onas, alors que le second consiste à collecter des excrétas au niveau des ménages. Pour ces deux systèmes, la première étape consiste à faire un prétraitement avant de drainer l’eau vers les bassins de traitements (primaire, secondaire et tertiaire). Alors que la deuxième étape vise à rejeter l’eau traitée dans la nature (lac des Maristes) ou bien l’utiliser pour les travaux de Btp, de l’arboriculture, du maraichage, etc.
« Les boues séchées issues de ce traitement sont mises dans la machine (Omni processor) pour optimiser les coûts de production d’énergie. On aurait dû faire autre chose », a expliqué Abdoulaye Mallo Guèye, responsable de l’exploitation de l’Omniprocessor. A ce propos, le Directeur de l’Omni processor, Pèdre Sy, a précisé qu’une eau non traitée peut causer des nuisances environnementales. Pour le responsable de l’exploitation de l’Omni processor, « l’eau distillée par la machine n’a aucune valeur nutritive et n’est point destinée à la vente ». Abdoulaye Mallo Guèye a indiqué que le tank (réservoir) qui fait la rétention de cette eau n’a qu’une capacité de 200 litres par jour. « C’est une quantité dérisoire qui ne peut même pas alimenter un ménage », a-t-il dit. A l’en croire, cette eau distillée n’est dédiée qu’à des applications purement industrielles. « Il n’y a pas une goutte d’eau issue de cette machine qui est utilisée sous forme de boisson et destinée à la commercialisation », a, pour sa part, rectifié le Directeur général de l’Onas à l’issue de la visite. « Il a été rapporté que nous avons une usine qui transforme cette eau en sachets. Avez-vous vu une usine d’eau ici ? » a demandé Lansana Gagny Sakho qui s’adressait à la presse. « On dit aussi que nous avons signé un protocole avec la Société des eaux (Sde) », a-t-il ajouté. M. Sakho a assuré que l’Onas n’a aucune relation avec la Sde sur ce dossier et ne pense pas en avoir. Il reste convaincu que ces personnes mal intentionnées ont profité des problèmes d’eau à Dakar pour dénigrer l’Onas en disant qu’on prend de l’eau issue de l’Omniprocessor pour la donner aux populations.
Le Dg de l’Onas a rappelé également que l’Omniprocessor est l’un des dispositifs du Projet global d’amélioration de l’accès à l’assainissement pour les populations. Selon lui, le président de la République a placé l’amélioration du cadre de vie des populations dans son système de gouvernance. « L’objectif, c’est d’arriver à majorer les conditions de vie des populations », a-t-il rassuré.
« Terrorisme médiatique »
Il a été rapporté que Bill Gates aurait goûté à cette eau. Sur cette question, Lansana Gagny Sakho se veut clair. Pour lui, l’entrepreneur américain a le droit de prendre cette eau et de la goûter aux Etats-Unis. « Cette machine n’est pas faite pour produire de l’eau et de la commercialiser. Le Sénégal n’a pas pris cette option », a-t-il rectifié tout en appelant les populations à se concentrer sur l’essentiel pour améliorer leur accès à l’assainissement. Pour lui, cette « fausse information nous interpelle tous » surtout avec l’approche des échéances électorales. « Cela n’a fait que commencer », a déploré M. Sakho. A ce propos, il a soutenu : « Personne ne peut nous dévier de notre feuille de route ». « C’est un illuminé sorti de nulle part pour dire que nous donnons de l’eau usée aux populations. Il s’agit ni plus ni moins que du terrorisme médiatique », a fustigé le Dg de l’Onas. « Malheureusement, a-t-il déploré, nous sommes dans une course à l’audimat ». A l’en croire, « si nous voulons que notre pays reste un Etat stable, il faudra qu’on arrive à développer un système humanitaire pour la jeunesse contre ce type d’information ». « Cette histoire est derrière nous parce que nous savons ce que nous faisons et nous avons aussi une feuille de route », a-t-il lancé.
Un dispositif pour optimiser les coûts de production
Le rôle premier de l’Omni processor de Technopole, a rappelé le Directeur général de l’Onas, « c’est de produire de l’énergie électrique qui sera remise dans le système pour optimiser les coûts de production ». « L’argent économisé va servir à doter les populations d’un système d’assainissement », a fait savoir Lansana Gagny Sakho, soulignant que l’Omniprocessor fait partie d’une chaîne, d’un processus. Aujourd’hui, a-t-il renchéri, la facture d’électricité de l’Onas est équivalente à 60 % du coût d’exploitation. La vérité, a avancé M. Sakho, « c’est qu’on peut économiser l’argent pour permettre aux populations d’avoir un système d’assainissement ». En plus de l’électricité, a-t-il fait remarquer, on peut utiliser les boues pour en faire de l’engrais organique.
PERFORMANCES EN MATIERE D’ASSAINISSEMENT
Le Sénégal partage son expérience en Inde en fin septembre
Le Directeur général de l’Onas, Lansana Gagny Sakho, a indiqué que l’acquisition de l’Omniprocessor est la résultante des performances de notre pays dans le domaine de l’assainissement en Afrique noire. C’est pourquoi le Sénégal sera en Inde, à la fin de ce mois, pour partager les résultats importants dans ce secteur. Ce choix s’explique, à son avis, par les performances de notre pays dans le domaine de l’assainissement. « Le Sénégal est le seul pays africain invité à présenter son expérience en la matière », s’est-il félicité. C’est fort de cette expérience que la Fondation Bill et Melinda Gates a fait un don de la machine au Sénégal, a fait savoir M. Sakho. Par la suite, a-t-il expliqué, le Sénégal a financé l’acquisition des vidangeurs et créer des emplois pour des centaines de personnes à travers un financement de la Banque africaine de développement (Bad).
AMELIORATION DE L’ACCES A L’ASSAINISSEMENT
L’Onas va passer à l’échelle
Le Directeur général de l’Onas a indiqué, hier, que sa structure va passer à la phase pilote avec le même objectif de « permettre aux populations d’avoir accès à un système d’assainissement adéquat ». « Passer à l’échelle, selon Lansana Gagny Sakho, consiste à dupliquer ce projet à travers le pays, pour que toutes les populations puissent avoir accès à l’assainissement ». « Notre métier, c’est l’assainissement pour tous. Notre priorité, c’est de démarrer la dépollution de la baie de Hann, délocaliser l’émissaire de Cambérène qui permettra de multiplier par cinq la capacité de traitement et connecter beaucoup de quartiers de Dakar », a-t-il affirmé. Selon lui, les travaux de l’émissaire de Cambérène vont démarrer avant la fin de l’année. « Rien ne pourra nous ébranler dans la mise en œuvre sa feuille de route. Nous allons y arriver », a-t-il promis.
Pas de suite judiciaire à cette affaire
Le Directeur général de l’Onas a souligné, hier, qu’il ne va donner « aucune suite judiciaire à cette affaire qui ne lui fera que perdre de temps ». « Nous avons autre chose à faire. Notre travail, c’est de permettre aux Sénégalais d’avoir accès à l’assainissement. Cette affaire est derrière nous », a affirmé Lansana Gagny Sakho. « Quand vous portez plainte 50 autres vont suivre. Donc, notre travail, c’est d’arriver à éduquer et à sensibiliser nos compatriotes » a-t-il ajouté. M. Sakho est d’avis que cette affaire ne concerne pas seulement le président Macky Sall mais plutôt tout le peuple sénégalais. Pour y faire face, il a estimé qu’il faut qu’on arrive « à développer des systèmes de défenses humanitaires, afin que les populations puissent séparer le bon grain de l’ivraie ». « C’est notre travail à nous tous. La course pour l’audimat ne doit pas nous pousser à faire des folies. Ce n’est pas sérieux. Avançons ensemble si c’est l’avenir de ce pays qui nous intéresse », a-t-il indiqué.