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LANSANA GAGNY SAKHO, DG DE L’ONAS SUR LE DÉMARRAGE DES TRAVAUX DE DÉPOLLUTION DE LA BAIE DE HANN 

LANSANA GAGNY SAKHO, DG DE L’ONAS SUR LE DÉMARRAGE DES TRAVAUX DE DÉPOLLUTION DE LA BAIE DE HANN 
LANSANA GAGNY SAKHO, DG DE L’ONAS SUR LE DÉMARRAGE DES TRAVAUX DE DÉPOLLUTION DE LA BAIE DE HANN 
09 juin 2020

 

 

 « Nous sommes à la fin d’un long processus » 

À moins d’un coup de théâtre, l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (Onas) va lancer les travaux de dépollution de la baie de Hann. Son Directeur général, Lansana Gagny Sakho a signé le contrat pour le démarrage des travaux avec l’entreprise en charge de la construction de l’ouvrage principale qui a démarré le sondage en attendant l’approbation du contrat. M. Sakho révèle que la Chine va s’engager dans ce projet de dépollution. 

Vous venez de signer le contrat pour le démarrage effectif des travaux de dépollution de la baie de Hann. Pouvez-vous revenir  sur le processus ayant conduit à la signature de ce contrat ?

La signature de ce contrat est l’aboutissement d’une procédure qui a duré plus de quinze années. La problématique de la dépollution de la baie de Hann date des années 2000. Elle a fait l’objet de deux conseils présidentiels et de trois conseils interministériels. La baie de Hann est une zone qui regroupe près de 80 % des industries du Sénégal avec plus de 500.000 personnes qui sont exposées aux maladies à cause de la pollution. Il est  important de souligner que c’était la troisième plus belle baie du monde. Elle ne l’est plus. Le déclic a été amorcé  avec le Président Macky Sall qui a décidé d’en faire une priorité. Le 1er août 2019, lors du Conseil des ministres, le chef de l’État est revenu sur la nécessité de démarrer ce projet. La cérémonie de signature du contrat de démarrage des travaux est un prélude pour régler définitivement ce problème. Il y a d’autres phases. Ce projet a également été conduit avec diligence. Il y a eu l’implication très forte des bailleurs, partenaires techniques et financiers, l’Agence Française de Développement (Afd), le Royaume des Pays-Bas. 

Permettez-moi de rendre hommage au personnel de l’Agence française de développement (Afd) qui travaille sur ce projet depuis dix ans, mais également le Royaume des Pays-Bas qui s’est engagé de façon spontanée. Je me dois également de souligner la forte implication des maires des communes de Mbao, Thiaroye et de Hann-Bel Air. Je ne peux passer sous silence le travail colossal de Mbacké Seck, la sentinelle de la baie de Hann qui fut de toutes les batailles.

Ce projet présente quelques défis : les industriels qui doivent mettre à niveau leurs ouvrages de traitement. Aujourd’hui, les rejets se font directement. Le projet est tellement bien structuré que dans sa mise en œuvre, nous travaillerons avec l’Agence française de développement (Afd) pour trouver les moyens d’accompagner les industriels à travers un fonds spécifique pour qu’ils mettent à niveau leurs ouvrages d’assainissement. 

La mise en place d’une unité de prétraitement est une exigence. Cette mise à niveau a certes un coût, mais elle vaut la chandelle au regard des enjeux de la préservation de la santé des populations qui doit passer devant toute problématique de rentabilité.  

Il y a aussi la dépollution des eaux du Port Autonome de Dakar (PAD)…

La dépollution du Port autonome de Dakar (Pad)  est  également  un aspect important de ce projet. Tout cela montre la complexité du projet qui va durer 24 mois en principe. Ce projet montre également le leadership du Sénégal en matière d’assainissement. Ce n’est pas pour rien que Dakar va abriter le sommet mondial de l’eau en 2021. Avec la dépollution de la baie de Hann, le principe pollueur-payeur sera appliqué pour la première fois en Afrique. La dépollution aura des impacts sur les plans social, économique, sur la vie des populations et aussi dans le domaine environnemental. 

S’achemine-t-on vers le démarrage des travaux ?

Je ne vais pas dire que nous allons vers le démarrage. L’entreprise a anticipé et a démarré les travaux de sondage. Nous sommes dans la procédure de formalisation des procédures administratives du contrat. 

À un moment donné, les bailleurs avaient menacé de se retirer. Comment avez-vous  pu relever ce défi ? 

Il y a eu des problèmes dans le passé. Je rappelle qu’en octobre 2017, le financement n’était pas encore bouclé. La situation est toute autre actuellement. Toutes les entraves sont levées. Mais il faut rester vigilant. Près de 80 % des impenses dues aux riverains ont été payées. Il y a eu, à l’Onas, une forte mobilisation de l’ensemble des équipes. La façon dont nous avons conduit ce projet avec les partenaires techniques et financiers doit être un cas d’école par rapport aux approches classiques. Je crois que nous avons beaucoup à apprendre. Si nous n’avions pas cette démarche inclusive, les partenaires techniques, financiers et l’Onas, nous ne serions pas arrivés à ce résultat. À mon humble avis, c’est comme ça qu’un projet devrait être monté. En un certain moment, chacun a un rôle bien précis : le bailleur, l’État du Sénégal à travers l’Onas. Si nous restons dans une logique de cloisonnement classique qui se fait, je ne crois pas que ça soit la meilleure approche. Cette façon de travailler avec les bailleurs a permis d’arriver à ce résultat. Je pense que cela doit être documenté. 

Comment avez-vous convaincu la Chine ? 

C’est une première que la Chine s’engage dans un projet avec cette approche. Ce projet est attractif, il est magique. Il y a des projets classiques d’assainissement mais ce que nous sommes en train de faire sur la baie de Hann est une révolution par rapport à l’approche et ses impacts environnementaux, sociaux et économiques. C’est la première fois que nous avons un projet d’assainissement qui a tous ces trois volets. C’est la première fois que nous avons un projet de ce genre en Afrique avec de tels impacts qui sont attendus. 

Après la dépollution, peut-on s’attendre à ce que la baie retrouve son lustre d’antan ?  

Nous ne retrouverons pas l’une des baies les plus belles dans le court terme. Mais l’objectif de cette dépollution, c’est de reconquérir le passé glorieux de cette baie. Les autres attentes, c’est l’amélioration des conditions de vie des populations. Dans cette zone, la nappe affleure. Ce sera un privilège de chacun de nous de participer à l’amélioration du cadre de vie pour au moins 500.000 personnes. C’est pour cela que nous devons nous donner à fond pour résoudre ce problème, c’est toute l’essence du service public, quelque chose de fabuleux est en train de se construire. 

Quels sont les rapports que l’Onas entretient avec ses bailleurs ? 

Les relations sont excellentes. Pendant la pandémie, certains bailleurs sont venus de façon spontanée nous dire qu’ils vont nous appuyer.  Nous avions trois défis quand j’arrivais en octobre 2017 à l’Onas. Le premier, c’était d’arriver à montrer que nous pouvions dérouler correctement des projets classiques. Il y avait le projet de déplacement de l’émissaire de Cambérène qui est très avancé. Il y a celui  de la baie de Hann. L’Onas et ses collaborateurs s’étaient engagés à relever ces deux défis. Il reste le troisième défi : c’est d’assurer la revalorisation de la redevance de l’Onas. La dernière réforme de l’hydraulique urbaine est une grosse opportunité pour tendre à l’équilibre financier de l’Onas. C’est cela  la vision du Président Macky Sall. 

Où en êtes-vous avec le projet des 10 villes ? 

C’est un projet majeur. Le Président de la République parle toujours d’équité sociale. Le projet d’assainissement des 10 villes est la concrétisation de cette volonté du Chef de l’État de donner corps à l’équité sociale. Il s’agit de donner les chances, à tous les Sénégalais, quel que soit leur lieu de résidence, d’avoir accès à certains services sociaux de base. Ce projet a permis aux villes telles que Tambacounda, Matam, Touba, Cambérène, Tivaoune de disposer de leur premier système d’assainissement. Des indépendances à nos jours, ces villes n’ont pas un système collectif d’assainissement. Nous allons renforcer les acquis à Dakar tout en continuant à construire  d’autres ouvrages dans le reste du pays.  Quand vous prenez Kaffrine, Sédhiou, c’est la première fois depuis les indépendances que ces villes seront dotées de système d’assainissement. Démarrer un projet d’envergure simultanément dans dix villes est inédit. Tous ces investissements et cette vision sont liés au passé du Président de la République qui a été ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Il connaît les problèmes et comprend les grands enjeux du secteur.  

Nous allons vers l’hivernage, est-ce que l’Onas peut rassurer les populations d’un hivernage avec moins de problèmes ? 

Je vais peut-être vous surprendre. Nous avons fait ce qu’il fallait. Nous avons exécuté  les  opérations de curage. Nous allons avoir nos équipes sur le terrain. Mais il faut le dire, quels que soient les efforts, les investissements, si nous ne changeons pas la façon de faire, nous n’aurons jamais les résultats escomptés. Nous avons commencé les opérations de curage en avril, elles prendront fin le 31 juillet. 

En ce qui concerne l’Onas, nous avons fait notre travail. Maintenant, il y a deux autres volets importants : les maires du Sénégal qui ont deux responsabilités. La première est de curer les canaux à ciel ouvert. La deuxième est de désensabler. Si ce travail n’est pas fait, cela va signifier que tout le travail de préparation que nous allons faire n’aura pas les impacts attendus.

Et pour la délocalisation de l’émissaire de Cambérène…

La délocalisation de l’émissaire de Cambérène était une promesse ferme du Président de la République. L’Onas était pratiquement persona non grata à Cambérène. Le personnel de l’Onas, notamment mes collaborateurs à la station d’épuration de Cambérène, a pu arriver à arrondir les angles, à tisser des liens forts avec cette communauté. Le projet de déplacement de l’émissaire de Cambérène est en cours mais va au-delà du déplacement. Nous allons faire passer la capacité de la station de Cambérène de 20.000m3/jour à 90.000m3/jour. Aujourd’hui, cette station est à 20.000m3/jour et reçoit 35.000m3. C’est ce qui explique, en partie, tous les problèmes que nous avons à Cambérène. Quand nous allons passer à 90.000m3/jour, une grande partie de Dakar ne va plus avoir des problèmes d’assainissement.