
Qu’est-ce qui justifie le choix des dix villes ?
Le Programme d’assainissement de dix villes est un plan qui s’inscrit dans la rectification des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui n’ont pas été atteints en 2015 dans le secteur de l’assainissement. Il a été mis en place pour améliorer les conditions de vie des populations vivant dans les dix villes où il existe un réel problème d’assainissement. Le programme avait ciblé au départ quatre villes : Touba et Tivaouane qui regroupent une population assez importante et Matam et Tambacounda où la nappe phréatique est affleurante. De nouveaux réseaux d’assainissement seront ainsi réalisés dans ces villes qui n’en disposent pas. D’autres villes ont été ciblées, c’est le cas de Kaolack, Saint-Louis, Louga, Rufisque, Pikine et Camberène.
Pouvez-vous revenir sur la consistance des travaux pour chaque ville ?
La consistance des travaux regroupe principalement la réalisation d’extension de réseau qui va presque jusqu’à 267 km sur l’ensemble des dix villes. Nous allons également réaliser plus d’une vingtaine de stations de pompage, des stations d’épuration et de traitement des eaux usées dans les quatre villes prioritaires et dans les autres villes. Il est aussi prévu de réhabiliter les stations d’épuration qui y existent déjà. Nous allons réaliser des branchements sociaux à l’égout et 500 édicules publics dans les dix villes.
Est-ce que ce projet permettra au Sénégal d’atteindre les objectifs en matière d’assainissement ?
C’est l’objectif visé. Le deuxième objectif du projet inscrit dans le Plan Sénégal Emergent (PSE), c’est l’atteinte des ODD d’ici 2035. Nous avons d’autres investissements à faire dans d’autres villes avec les 37 communes qui vont bénéficier de plan directeur d’assainissement. Les travaux prioritaires ont été identifiés pour 11 communes.
Quel est l’état d’exécution du projet ?
Il est très avancé, parce que nous avons déjà attribué tous les marchés des travaux. Pour les dix villes, les entreprises ont été sélectionnées. Il n’y a que deux ou trois marchés qui ne sont pas encore approuvés par le Ministère de l’Economie et des Finances et du Plan. Il s’agit de Kaolack, Saint-Louis et Touba. Pour la surveillance des travaux, les marchés sont en cours de confection. Il faudra aussi rappeler l’importance du volet Information, Education, et Communication (IEC) qui permet aux populations de s’approprier le projet. Nous avons sélectionné des cabinets qui vont s’en occuper en collaboration avec notre Cellule de Communication.
Kaolack est une région qui a énormément de difficultés. Qu’est-ce qui sera réservé pour cette ville ?
La région de Kaolack a toujours été au centre de la politique d’assainissement du gouvernement. Le Président de la République Macky Sall, dès son accession au pouvoir, a instruit de démarrer les travaux d’assainissement dans cette région comme il existait déjà un plan directeur d’assainissement. Ceci a conduit à la construction des ouvrages de drainage des eaux pluviales.
En effet, nous avons engagé les travaux à Kaolack, du fait des fortes inondations auxquelles la région est confrontée durant la saison des pluies. Il faut préciser qu’il existe des zones non viables à Kaolack, malheureusement occupées par les personnes. L’objectif est de réaménager ces zones pour que l’eau pluviale puisse être évacuée correctement. On ne va pas se limiter à cela, puisque l’investissement tourne autour de 40 milliards de francs CFA. Les autres phases suivront après.
Une fois ces ouvrages réalisés, peut-on espérer que les problèmes d’assainissement soient complètement résolus à Kaolack ?
Les problèmes d’assainissement seront résolus en partie. Il ne s’agit pas de réaliser simplement des ouvrages. L’autre volet qu’il faudra qu’on prenne en compte, c’est l’appropriation des ouvrages par les populations. Ce sont des ouvrages d’évacuation des eaux pluviales mais quand vous y allez, vous constaterez qu’il y a des déchets solides dans les canalisations. L’aspect le plus important, à Kaolack, pour le drainage des eaux pluviales est la coordination entre les réalisations de la voirie par l’Ageroute dans le cadre du projet Promoville et les ouvrages d’assainissement. La voirie va imperméabiliser la zone, permettant ainsi aux ouvrages d’évacuer correctement les eaux pluviales.
Existe-t-il des contraintes spécifiques dans la mise en œuvre de ce projet ?
Oui ! Il existe toujours des contraintes. Les contraintes majeures, à Kaolack, c’est l’occupation des zones où les ouvrages doivent être construits. Nous allons faire libérer ces zones en dédommageant les personnes affectées. Le montant est évalué à 650 millions de francs CFA. C’est un préalable avant le démarrage des travaux. D’ailleurs la préfecture et la gouvernance sont en train de suivre le dossier. Je pense que les actes de conciliation seront faits et les dommages payés dans les meilleurs délais. Pour les autres villes, il n’y a pas de contrainte majeure, en dehors de la ville de Touba où nous devons réaliser la station d’épuration à Mbacké. Nous travaillons à lever ces contraintes avec les autorités religieuses.
Lors de la cérémonie de son lancement, le Premier ministre avait souligné que ce projet traduit l’engagement du gouvernement à faire de l’assainissement un des domaines prioritaires du PSE…
Je pense qu’à l’heure actuelle, ce projet fait partie des priorités dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE), d’autant plus qu’il y a 400 milliards de francs CFA qui sont mobilisés pour atteindre les objectifs qui ont été fixés. L’assainissement est un préalable à la bonne santé des populations. Il participe également à la prévention des maladies, surtout les maladies hydriques. Je pense qu’au premier trimestre de 2019, la majeure partie des travaux seront livrés pour six à sept villes. En ce qui concerne la région de Kaolack, nous allons réceptionner les ouvrages avant l’hivernage de 2018.