Le Directeur Général de l’ONAS, Monsieur Lansana Gagny SAKHO, a indiqué, dans un entretien, que l’état d’avancement des projets lancés en 2018 est satisfaisant et que 2019 sera consacré au démarrage effectif des grands projets comme la dépollution de la Baie de Hann. Par ailleurs, il a magnifié l’équité sociale à travers la réalisation des ouvrages d’assainissement dans les villes de l’intérieur du pays. Toutefois, il a invité les populations à bien entretenir ces ouvrages à travers des comportements modèles.
Pouvez-vous faire le bilan de l’année écoulée ?
En 2018, nous avons pu lancer dix (10) projets majeurs dont le Projet Des Dix Villes, la dépollution de la VDN, la zone nord de Dakar, etc. L’état d’avancement de ces projets est satisfaisant. La dépollution de la zone nord est en cours d’exécution. Concernant la Baie de Hann, les appels d’offre sont lancés. Nous avons entre autres, le projet de la Corniche ouest qui consiste à renouveler le réseau dans plusieurs quartiers de Fass, Médina et Colobane. Il est financé par la Coopération espagnole. Tous ces projets sont en cours. En outre, il y a des perspectives. La première est la Corniche ouest, un projet très important de plus de 100 milliards de francs Cfa que nous allons dérouler. Nous sommes également en train de travailler sur le projet Est de Dakar qui est le 4ème projet le plus important. En principe, sur les deux années à venir tous les problèmes d’assainissement de Dakar devraient être cernés. Il n’y a pas que l’urbain. Il y a aussi le milieu rural et péri-urbain où nous avons un projet de 100 000 dollars Us financé par la Banque Mondiale. Donc, il y a une palette de projets en cours.
Aujourd’hui, quelles sont les contraintes à relever pour l’ONAS ?
La chose la plus importante est que nous avons la confiance des partenaires techniques et financiers : l’Union Européenne (UE), la Fondation Bill et Melinda Gates, la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Islamique de Développement (BID), la Banque Mondiale (BM), la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD). Cependant, il y a des efforts très importants à faire au niveau de l’exploitation. Et, nous sommes en train d’y travailler. Il faut aussi des investissements énormes et trouver les moyens internes pour assurer le fonctionnement optimal. Nous faisons de gros efforts pour réduire de façon significative notre consommation d’énergie car il y a un gap de financement pour prendre en compte les ouvrages. L’autre difficulté est liée aux comportements des populations. L’assainissement, ce n’est pas seulement l’Etat qui investit. Mais il y a aussi l’entretien qui est aussi l’affaire des populations
Le projet de la Cité Soleil et environs devait être réceptionné depuis novembre dernier. Qu’est ce qui explique ce retard ?
Vous savez dans tout projet, il faut une planification. Mais il arrive souvent qu’il y ait des imprévus. Ce projet est exécuté à 90%. Il ne reste que quelques détails. On devrait le finaliser dans le premier trimestre de cette année. Les problèmes ne manquent pas mais le plus important est que les populations qui y vivent ressentent les impacts de ce projet.
Aujourd’hui, comment analysez-vous le fait que l’ONAS ait pu mobiliser en un temps record les ressources nécessaires pour la dépollution de la Baie de Hann. Est-ce une marque de confiance ?
Avant tout, c’est une équipe qui a travaillé jour et nuit et sans relâche. En juin 2018, les financements n’étaient pas bouclés. C’est un travail inclusif qui a permis de mobiliser ces fonds. Il y a également un climat de confiance entre les bailleurs et nous. Ce projet constitue une satisfaction parce qu’il est là depuis 30 ans. Nos équipes se sont mobilisées pour l’acquisition du financement. Nous sommes dans la phase 2 des appels d’offres dans le cadre des attributions. Mon souhait est de procéder à la pose de la première pierre et au démarrage des travaux avant la fin du premier semestre de cette année. Il n’y aura plus de retour en arrière dans ce projet.
On a vu aussi que le Président de la République a réceptionné vos ouvrages dans la zone de Joal-Fadiouth. Est-ce qu’on peut dire que la décentralisation des services d’assainissement est une réalité ?
Je parlerai plutôt d’équité sociale. C’est l’une des mesures phares de la politique du chef de l’Etat. Nous pouvons citer Joal-Fadiouth, Kaffrine, Sédhiou, Tambacounda et Matam, des zones qui n’ont jamais eu d’assainissement. Ce sont des avancées importantes, l’assainissement ne doit pas s’arrêter à Dakar.
Est-ce qu’aujourd’hui, avec les réformes, l’efficacité interne a été améliorée ?
Beaucoup de choses ont été améliorées. La mesure phare, c’est la mise en place de la Direction des Etudes et de la Planification. Nous avons renforcé notre département. Nous avons renouvelé notre certification et renforcé le service de communication, érigé en département. Cela permet de maintenir les grandes orientations et de nous assurer que nos projets se déroulent correctement. Nous avons des points à améliorer, je l’avoue, c’est le suivi des projets. Nous avons d’énormes difficultés. J’espère que nous allons corriger ces dysfonctionnements.
Aujourd’hui quelle note attribuez-vous à l’implication des privés ?
Je donne des faits très simples, les boues de vidange gérées par des privés sont très rentables alors que les stations de pompage gérées par l’ONAS sont déficitaires. L’opérateur privé est plus souple, il a plus de flexibilité. Le plus important, c’est d’assurer la pérennité des ouvrages. Ce qu’on a fait avec le privé est une première étape. Nous allons faire un passage à l’échelle sur l’ensemble du territoire national. C’est l’aspect sur lequel, nous sommes en train de travailler actuellement et qui ne posera aucun problème.
Quels sont les chantiers prioritaires sur lesquels l’ONAS va travailler en 2019 ?
En 2019, c’est la Corniche ouest, c’est notre plus grand cheval de bataille. Nous venons de finaliser la signature de ce projet que nous allons réaliser en partenariat public privé (Ppp). Ce projet, on en parle également depuis très longtemps.
En 2018, l’objectif était de démarrer cet ouvrage prioritaire. 2019, c’est également le démarrage effectif des travaux de la Baie de Hann. Il y a également la mise en œuvre du projet de Camberène. Après le reste, c’est le suivi quotidien des travaux entamés. Ce sont les projets phares. En 2019, notre souhait est la grande participation du secteur privé dans l’exploitation. Aujourd’hui, il est présent dans la gestion des stations de vidange mais il faut qu’on réfléchisse sur des projets aussi importants que la Baie de Hann en vue d’impliquer le privé parce que nous n’avons pas les capacités techniques pour gérer un projet aussi complexe que la Baie de Hann. Les résultats de l’ONAS sont obtenus grâce à une équipe. Je remercie le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Mansour Faye, qui nous a toujours laissés la flexibilité de mener à bien nos chantiers. J’adresse aussi mes remerciements au Président de la République Macky SALL qui m’a confié un service aussi important.
Les opérations pré-hivernage…
On ne peut pas parler d’opérations pré hivernage sans évoquer la lutte contre les inondations qui a permis de tirer une partie très importante de la banlieue des problèmes. Chaque hivernage, les classes dans les écoles et la Foire de Dakar étaient transformées en dortoirs, ces souvenirs sont aujourd’hui derrière nous. L’Etat investit beaucoup d’argent parce que l’ONAS travaille de façon récurrente sur les opérations pré-hivernages pour prémunir les populations contre les inondations. Il y a beaucoup d’améliorations ces dernières années et cela va continuer ainsi. Il est important que les populations revoient leurs comportements. L’argent dépensé pour le curage des égouts auraient pu être utilisé ailleurs si les attitudes étaient ce qu’elles devaient être. Tout est en place et on va continuer notre mission d’explication, de sensibilisation et les opérations pré-hivernages.